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Comment gérer son cheval et la chaleur en été : le petit guide.

Dernière mise à jour : 11 oct. 2023



Chose promise, chose due. Après plusieurs posts Insta comme entrée en matière sur la gestion de Poney en période de chaleur, voire de canicule, voici un dossier bien complet basé sur des études vétérinaires portées sur la question.


Car niveau mythes, « on dit » et croyances erronées, on a pour le coup été bien bercés. L’enseignement des cavaliers n’a finalement pas évolué en se basant sur l’avancée des recherches pour maximiser la santé et le bien être de nos chevaux sur ce point là. Et pourtant, des études sur le cheval et sa thermorégulation , il y en a, et cela depuis plus de 20 ans ! D’ailleurs, toutes mes sources sont en bas de page.


Du coup on commence par un petit rappel des bases.


Comment Poney supporte-il la chaleur ?



La température corporelle normale d’un cheval au repos est compris entre 37,5°C et 38,5°C.


La zone de neutralité thermique du cheval est estimée entre 5 et 25°C. C’est à dire que dans cette plage de température extérieur, le cheval arrive à réguler naturellement sa température sans difficulté. Evidemment, cette zone peut varier entre les individus. Un cheval norvégien n’aura pas la même facilité à gérer la chaleur qu’un cheval marocain, tout simplement car son organisme n’y est pas habitué. Il est d’ailleurs admis que le cheval met environ 2 semaines à s’acclimater à un nouveau climat.


Comment le cheval combat-il la chaleur ?


  • La modification des débits sanguins : La chaleur produite par les muscles de Poney est amenée à la surface de la peau par la circulation sanguine. Si l’air ambiant est plus frais que la peau du cheval et qu’il y a un courant d’air alors la chaleur s’évacue par convection.


  • La sudation / transpiration, qui refroidit l’organisme grâce à l’évaporation ( on va revenir sur ce phénomène physique en fin d’article ;) ). C’est le processus le plus efficace, notamment à partir de 25 degrés. Petit bémol, le cheval peut perdre beaucoup d’eau ( et de minéraux essentiels > électrolytes), ce qui peut mener à une déshydratation dangereuse si le cheval n’a pas d’eau à disposition et un apport en électrolytes adapté.

Info +: certains chevaux ne transpirent pas, ou pas assez. C’est notamment le cas des chevaux atteints d’anhydrose : c’est une maladie qui se traduit par une incapacité des glandes sudoripares du cheval à produire une quantité adéquate de sueur.


  • La respiration: la fréquence respiratoire augmente (on remarque d’ailleurs plus souvent ce phénomène après l’effort). En gros augmenter le débit d’air sur la muqueuse nasale ( qui est très vascularisée) facilite l’évacuation de la chaleur pas convection et évaporation ( promis on revient sur tous ces vilains termes scientifiques après car ils sont importants).


  • Et évidemment pour ne pas se déshydrater, le cheval en cas de chaleur peut jusqu’à tripler sa consommation d’eau ( entre 80 et 100 L d’eau par jour).


Ça c’est les méthodes maison du cheval sans intervention humaine. On verra ensuite ce que nous petits n’humains pouvons faire pour aider Poney à combattre la chaleur quand celle ci est bien trop importante.



Que se passe t-il s’il fait trop chaud/ que le cheval à trop chaud suite à un effort ?


Car oui, à un certain stade Poney galère à réguler sa température naturellement. C’est notamment le cas lors des épisodes de canicules ou après un entrainement ( la température à l’effort peut atteindre les 40°, au delà c’est particulièrement inquiétant). En effet, quand la température corporelle est trop élevée, que le corps ne régule pas la température interne correctement ou assez rapidement, Poney risque la déshydratation, et le coup de chaleur.


Il est important de noter que la chaleur n’est pas le seul problème. L’humidité de l’air (taux d’humidité RH) est particulièrement à prendre en compte. Il sera d’ailleurs plus facile pour Poney de gérer sa température corporelle dans un environnement sec et chaud ( 30% d’humidité et 35 degrés par exemple) que dans un environnement humide et un peu moins chaud ( ex : 80% d’humidité et 28 degrés ), et cela tout simplement car l’évaporation de la sueur ne se fait plus aussi facilement au fur et mesure que l’humidité de l’air augmente.


De plus, la ventilation de l’espace est aussi un facteur important à prendre en compte. Un espace confiné mal aéré c’est l’effet de serre assuré. D’où l’importance d’éviter de faire voyager les chevaux en cas de forte chaleur, et de s’assurer dans le cas échéant que le camion/van dispose d’un système de ventilation /aération performant .


La loi est d’ailleurs stricte en matière de voyages des animaux par temps de canicule : entre 13h et 18h c’est interdit sauf si le véhicule dispose d’un système de ventilation ou que le transport est une urgence médicale.


Bref, si Poney à trop chaud, les mécanismes naturels de régulation de sa température interne ne sont plus aussi efficaces, et on risque l’hyperthermie. Le risque ? Un coup de chaleur, qui peut lui être fatal s’il n’est pas pris au sérieux directement.


Reconnaitre le coup de chaleur : Les symptômes


  • Une augmentation persistante de la fréquence respiratoire, après l’arrêt de l’exercice depuis 10 à 30 minutes (la fréquence respiratoire normale d’un cheval est comprise entre 20 et 40 mouvements par minute).


  • Une augmentation de la température rectale . A partir de 40°C, le cheval est en danger.

  • Une attitude apathique : le cheval semble fatigué et se désintéresse de son environnement, l'œil fixe et la tête basse, il est réticent à avancer.


  • Possible apparition de convulsions, le cheval peut aussi tituber.


  • D’autres symptômes peuvent être observés : douleurs musculaires, signes de coliques, une diminution des bruits digestifs.


Les bons gestes pour rafraichir Poney:



On commence donc par le cas d’urgence:


  • Bon ça ne rafraichit pas mais en cas de coup de chaleur, on appelle son veto’ et on surveille la température rectale de Poney régulièrement !

  • On met le poney à l’ombre dans un espace ventilé.

  • On lui donne de quoi boire de l’eau fraiche.

  • Et on douche à l’eau fraiche, le plus possible jusque’à ce que la température rectale diminue.


Myth Buster: On entend souvent que l’administration d’eau froide sur un cheval chaud provoque un risque accrue de myosite, de choc thermiques etc. Aujourd’hui aucune étude scientifique ne permet de valider cette hypothèse, malgré de nombreux tests.


Au quotidien par forte chaleur ou après l’exercice:


  • De l’eau à volonté ( toujours toujours) , on peut même en donner pendant l’exercice, pendant les pauses.


  • Un apport en électrolytes permet de compenser les pertes de minéraux essentiels dû à la transpiration.


  • Une bonne douche. Si le cheval n’est pas en hyperthermie, on peut se contenter d’une douche brève, à condition de ne pas passer le couteau de chaleur, pour permettre l’évaporation de l’eau ( qui va permettre un refroidissement efficace du corps de Poney, mais plus lent que l’application de l’eau en continue ).


  • Attention, en cas d’environnement très humide ( aux alentours de 90-100% d’humidité de l’air), le refroidissement par évaporation n’est plus efficace. Il faut doucher aussi longtemps que nécessaire pour rafraichir efficacement le cheval.


  • Fournir un espace ombragé et ventilé au cheval.


Mieux vaut prévenir que guérir:


Pour rendre l’exercice par temps chaud plus confortable on peut doucher le cheval avant l’effort ou après l’échauffement avant de pouvoir continuer l’exercice sur une période plus longue. En effet, il a été étudié que doucher avant l’effort en été permet au cheval d’avoir une température corporelle plus basse après l’effort, ce qui permet donc une récupération plus rapide.


Petit point sur les électrolytes:


Les électrolytes sont des éléments minéraux présents sous forme ionique dans l’organisme. Ils permettent de transporter les charges électriques dans le sang, et ont ainsi un rôle primordial dans le bon fonctionnement des muscles mais aussi des organes vitaux.


Les chevaux ont des apports naturels en électrolytes grâce à une bonne alimentation ( alimentation adaptée + sel + eau). Cependant ils ne peuvent pas être stockés par l’organisme ( et doivent donc être vite remplacé quand ils sont consommés).


Le soucis c’est que les électrolytes se font la malle quand Poney fait pipi, caca et qu’il transpire. Dans le cas de la transpiration, comme elle est hypertonique chez le cheval, il y a beaucoup de pertes d’électrolytes à travers celle-ci ( ce qui n’est pas autant le cas chez l’humain, dont la transpi’ est hypotonique).


Le cheval perd beaucoup d’ions (électrolytes) par la transpiration, donc s’il boit de l’eau pure suite à l'effort, la concentration d’électrolytes dans les cellules ( de son corps) sera très faible, ce qui n’est pas toléré par le corps. En effet, le corps de Poney cherche systématiquement à maintenir une même concentration d’électrolytes de part et d’autre de la membrane de la cellule. Du coup si la cellule a une concentration en ions moindre, apporter de l’eau pure en masse ne fera qu’aggraver la situation en diminuant la concentration d’ions présents.


Ainsi la déshydration /manque d’électrolytes est, vous l’avez compris, dangereuse pour Poney. On peut donc par temps chauds supplémenter le cheval en électrolytes. Cependant quelques point d’attention sont à retenir :


  • Le cheval doit disposer d’un seau d’eau pure pour pouvoir s’abreuver. En effet la prise d’électrolytes ( en pate ou à diluer dans de l’eau) déclenche la sensation de soif. Si le cheval n’a pas de quoi se désaltérer, il risque la déshydratation. (Testez de manger du sel pur…ça fait le même effet).


  • Le choix des électrolytes en tant que compléments ne doit pas être fait à l’aveugle. Il faut s’assurer que le produit apporte bien une gamme complète d’électrolytes dont le chlore, sodium, magnésium et potassium. En effet, certains produits n’apportent que l’un d’eux, et parfois en quantité dérisoire.



Convection, conduction, évaporation : quand la physique s’en mêle.


Avouez que ce petit retour sur les bancs du lycée est agréable…ou pas. Je compatis pour ceux qui redoutaient les cours au labo, pour ceux qui ont fait exploser des tubes à essais ou ceux qui comme moi avait peur du bec bunsen.


Bref.


La convection, la conduction et l’évaporation sont des phénomènes physiques qui expliquent le pourquoi du comment le cheval arrive à s’auto-reguler en temps normal, mais qui expliquent aussi l’intérêt de la douche comme moyen de refroidissement .



Prenons notre Poney, qui s’appellera Figaro ( on retourne aussi en cours de français tant qu’on y est ). Figaro est dans son pré, en train de somnoler au soleil par 28°C. Les rayons du soleil, par effet de radiation vont venir réchauffer Figaro. Jusque là on est bon. Figaro va faire un peu de sport, entre la chaleur produite par ses muscles en action et l’air ambiant bien chaud dû à ce soleil qui tape fort, Figaro fini sa muscu’ avec une température rectale de 39°. Il a un peu chaud, mais ça reste correcte. Mais bon c’est pas très agréable. Il a beaucoup transpiré. On part donc pour la douche !


Lorsque le jet d’eau va venir se poser sur le corps de Figaro, l’eau ( qui est admettons a 20 °C pour être réaliste ) va venir refroidir la température de la peau, puis interne du corps de l’ami Fifi par effet de conduction.





Comment ça fonctionne? La conduction est un échange thermique. Le corps chaud va toujours transférer son énergie vers le corps froid. Il va alors se produire un équilibre thermique. Le corps chaud de Figaro, en perdant de la chaleur (via la peau), va venir réchauffer un peu l’eau. Et c’est pour ça que pour rafraichir un cheval en hyperthermie, il faut ajouter une eau fraiche nouvelle constamment, de manière à ce que le corps de Poney viennent petit à petit transférer sa chaleur à l’eau sur son corps, qui reste de plus en plus froide.


Myth Buster: On entend souvent que laisser l'eau sur le corps du cheval risque de le réchauffer, surtout au soleil. C'est faux car l'eau présente sur le cheval ne sera pas plus chaude que la température du corps. Il n'y a donc pas de transfert de chaleur de l'eau vers le cheval. Qui plus est l'eau encore présente sur la robe du cheval ne va pas chauffer, mais s'évaporer. Et ça c'est une bonne nouvelle.

Bon admettons maintenant que la douche beug, plus d’eau ne sort. Figaro est déjà un peu rafraichit. Un peu de fraicheur en plus ne ferait pas de mal quand même. Et bien ça tombe bien car Fifi a encore de l’eau sur lui, et grâce à ça, c’est le phénomène d’évaporation qui va lui rajouter un coup de frais en plus. C’est par ce même phénomène que la sueur permet de refroidir Fifi.




Lorsque la chaleur et le soleil provoquent le passage de l’eau /sueur présente sur Figaro d’un état liquide à gazeux, il y a un transfert d’énergie du corps en contact avec l’eau, vers l’exterieur . C’est ce qui se passe lorsque vous sortez d’une piscine par temps chaud. L’air qui souffle sur votre corps humide et vos cheveux mouillés paraît froid jusqu’à ce que votre corps soit sec. Et quand votre corps est sec vous n’avez pas plus chaud qu’avant votre baignade. L’évaporation est d’ailleurs le phénomène numéro 1 chez le cheval pour évacuer la chaleur à travers la transpiration. Il est plus lent que la conduction, mais plus efficace à long terme. Il est donc intéressant sur des chevaux qui ne sont pas à rafraichir en urgence.


Cependant un bémol : lorsque l’air est peu ventilé (box, abris, van mal aérés) , et/ou que le taux d’humidité est élevé , l’évaporation ne se fait plus correctement. Il faut imaginer l’air comme une boite. Quand la boite n’est pas pleine d’eau ( peu d’humidité), qu’il y a quelques gouttes , d’autres gouttes peuvent venir s’y ajouter (la sueur/l’eau de poney sous forme gazeuse) . Quand la boite est pleine d’eau ( taux d’humidité de l’air très élevé ou maximal), il n’y a plus de place pour de nouvelles gouttes.


Dans ce cas là, la seule solution pour rafraichir c’est la conduction ( douche jusque’à refroidissement de Poney). Et si Fifi doit monter dans un van mal ventilé ( ce qui n’est pas conseillé en cas de forte chaleur), on lui passera un coup de couteau de chaleur après la douche, vu que l’évaporation ne se fait pas correctement dans un espace clos mal ventilé.


En parlant du couteau de chaleur :


Il a été démontré (lors de plusieurs études comparatives des différents moyens de rafraîchissement du cheval) que celui ci n’était pas nécessaire lorsque l’on mettait un bon coup de douche au cheval. Il ne l’est que quand on dispose que de peu d’eau (un seau ou deux par exemple) et qu’elle est de base peu fraiche. En effet, passer le couteau de chaleur permet de retirer l’excédent d’eau qui s’est réchauffé par conduction. Mais encore une fois, l’eau même un peu tiede permettra au cheval de se rafraîchir en s’évaporant ( et ça marche même au soleil).

Et pour finir, la convection: il s'agit d'un transfert de chaleur du corps vers l'extérieur grâce à un fluide ou de l'air. C'est donc le cas quand le cheval transpire ( avant que la sueur ne s'évapore) mais aussi quand le cheval respire !


Conclusion : Assurer le confort thermique de Poney au quotidien


Pour conclure cet article qui pourrait encore être étayé ( mais après on part sur une revue de littérature complète …un peu lourd pour retenir les infos essentielles), les mots clefs pour garder son cheval confortable par temps de chaleur, et ça qu'il soit un poney de pré, de sport, ou autre, sont :


  • Offrir un lieu de vie /refuge ombragé et ventilé

  • Adapter l’exercice physique aux conditions météorologiques ( c’est peut être pas pour rien que l’on parle de vacances d’été ;) )

  • Mettre à disposition en permanence de l’eau fraiche.

  • Optimiser l’alimentation, avec notamment un apport en sel, mais aussi en électrolytes si grosses chaleurs ou efforts.

  • Améliorer son confort via la douche, qui est aussi une alliée en cas de coup de chaleur. Si vous souhaitez refroidir vite votre cheval, il faut verser de l’eau fraiche jusqu’à ce que le corps de votre cheval soit bien frais. Le thermomètre rectale permettra aussi de définir si le cheval est redescendu à une température corporelle acceptable. Pour une douche « de confort « , on pourra se contenter de verser de l’eau quelques minutes avant de laisser l’eau s’évaporer d’elle même, ce qui éliminera aussi naturellement la chaleur du cheval.

  • S’adapter, observer, et encore s’adapter.


Je vous souhaites donc maintenant un très bel été, prenez soin de vous et de vos poneys !






Mes posts sur le sujet







Sources et ressources complémentaires:


  1. Comparison of post-exercise cooling methods in horses ( Dr.Kang et al, 2021)

  2. A Comparison of Five Cooling Methods in Hot and Humid Environments in Thoroughbred Horses (Dr. Takahashi, 2020)

  3. PREPARATION FOR AND MANAGEMENT OF HORSES AND ATHLETES DURING EQUESTRIAN EVENTS HELD IN THERMALLY CHALLENGING ENVIRONMENTS (Dr David Marlin, Dr Martha Misheff & Dr Peter Whitehead March 2018)

  4. Chaleur, déshydratation et electrolytes : thermorégulation et exercice physique. ( Dr.T Demonceau, 1992)

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